Canapés droits et courbés

On dit que chaque meuble a une histoire …

Celle du canapé n’échappe pas à la règle. En 1902, le jeune étudiant allemand en archéologie, Helmut Schneffuniaeur, boucla sa valise pour sa première expérience sur le terrain. Et quel terrain ! Celui de l’Egypte, ce pays entouré de légendes et de mystères au sujet de sa civilisation. Des promesses de gloire, d’or, de trésors enfouis, l’occasion de marquer l’histoire de son nom, tout cela résonnait dans la tête d’Helmut. Etudiant sérieux et impliqué, il était quelqu’un de très pragmatique. Excité par ce voyage, il pensait aux moindres détails, les horaires, les bagages, les vêtements, et le moindre objet qui pourrait être utile sur place. Il était prêt, c’était la chance de sa vie.

Ce qu’Helmut n’avait pas prévu, c’est la chappe de chaleur étouffante de l’Egypte. Il se doutais bien qu’il allait dans un pays chaud, pas dans un pays brûlant. La réalité était bien au-dessus de tout ce qu’on a pu lui raconter. Il souffrait, même à l’ombre de sa tente. Et chaque sortie pour diriger les ouvriers sur les fouilles était un calvaire.
Un jour, il fût appelé au fond d’une fouille car on venait de mettre à jour une pierre avec des hiéroglyphes inconnus.
Il s’agissait d’une longue pierre horizontale et plane. Sur la face verticale, on pouvait y voir les signes suivants : un cercle fendu verticalement, un marteau, trois petits points, une paire d’œufs, une sorte de vague, et un oiseau. Malgré ses connaissances pointues en la matière, cela restait incompréhensible pour Helmut. C’était comme si un enfant avait aligné des lettres sans aucune cohérence.
Helmut resta un bon moment à réfléchir à la signification des symboles, mais rien de cohérent n’en sortait. Il en oubliait presque la chaleur. C’est lorsque son chef de chantier lui apporta un peu d’eau, qu’il fît une pause. Helmut se releva et s’assit de manière instinctive sur cette pierre. C’est vrai qu’il avait oublié la chaleur. La profondeur des fouilles associée à l’ombre générée, rendait l’endroit supportable. Après une gorgée d’eau, il dit :
« Endlich sind wir hier ! » (Finalement, on est bien là !)

Il discuta un peu avec le chef de chantier au sujet des autres parties de la fouille. Rien de bien intéressant. Quelques amphores, des assiettes, des fragments d’os, des graines, des restes de four, du bois pourris. Cela aurait pu être un endroit de restauration ou un entrepôt logistique. Une sorte de cantine pour esclaves quoi. Impossible de savoir. Helmut demanda au chef égyptien comment il dirait phonétiquement les symboles écrit sur la pierre. Il répondit :
« Kan – Hap – Yéé »
« Sehr gut. » s’écria Helmut.
Il garda ce nom pour désigner cet objet mystérieux sur lequel ils étaient assis, et qui leur apportait une pause bien méritée.
Ce fût la naissance du premier canapé.