Armoire à cible pour fléchettes

On dit que chaque meuble a une histoire …

Les « darts », jeu très prisé dans le monde anglophone, fréquent dans les pubs, et qui possède son championnat du monde est appelé naïvement « jeu de fléchettes » en français. Même si la création du jeu est attribuée aux archers anglais du 15-ème siècle, le premier meuble protégeant une cible est attribué au portugais Juan Dos Santos au début du 16 ème siècle.
A cette époque, Juan Dos Santos, maçon émérite, était fou amoureux de Carla Del Rio, la fille du tavernier local. Mais cette jolie demoiselle n’en avait cure de Juan. Elle avait bien d’autres ambitions. Comme celui de faire les yeux doux au caporal de l’armée voisine, pour s’assurer un avenir un peu plus confortable que celui offert par Juan. Celui-ci était revenu d’une longue croisade aventureuse en Europe, et jouissait d’une aura de héros selon les bardes locaux, qui chantaient des louanges contre des pièces sonnantes et trébuchantes.
Juan Dos Santos savait qu’il n’était pas le préféré et subissait bien des railleries de la part de ses collègues de chantier.
« Laisse tomber la truelle Pueblo ! » lâcha un collègue.
« Je m’appelle Juan. » répondit Juan sans même le regarder.
« Bah … ça reste une truelle. » répondit le collègue. Des conversations de chantiers quoi …

Qu’importe pour Juan Dos Santos. Il déployait des trésors d’ingéniosité pour séduire sa belle. Mais hélas, les murs les plus droits du monde, les taloches les plus précises du siècle, absolument rien ne semblait plaire à la belle Carla.
Un jour, lassée par l’étalage des ouvrages d’art de Juan, Carla Del Rio, exprima sa colère.
« Juan !! Je n’en peux plus de tes briques, de tes niveaux, de ton fil à plomb. Tu me lasses. Je ne t’appartiendrais jamais.
Tiens … tu vois la cible là-bas ? »
La maline Carla, désigna les quelques soldats gradés jouant à ce nouveau jeu étranger, importé des aventures du caporal. Elle espérait attirer l’attention du Caporal. En lui faisant les yeux doux, elle séduirait le soldat, tout en ridiculisant le maçon. Une pierre, deux coups.
« Eh bien, j’épouserais le premier qui mettra une fléchette au centre de cette cible. » déclara Carla d’une voix forte.
Juan compris vite qu’il n’aurait jamais les compétences pour ce jeu, et voyait ses espoirs de couple partir en fumée.

C’est alors qu’il saisit une truelle, un seau d’eau, du ciment, et quelques pierres, et avec toute la maîtrise de son art, construisit un abri totalement fermé autour de la cible. Il alla tellement vite, qu’aucun soldat ne put réagir à temps. Une vivacité hors-pair, la parfaite maîtrise du geste, la connaissance pointue du temps de séchage du ciment, une harmonie totale des éléments, tout était réunis dans ce moment quasi-magique. Juan était redoutable d’efficacité. L’abri fût terminé en moins de quelques secondes.

Puisque Juan ne pouvait toucher le cœur de Carla, ni celui de la cible, alors il décida que personne ne pourra le faire.
C’est ainsi que naquis le premier porte-cible.